Jeune société technologique employant une dizaine de collaborateurs, NeoMedLight innove dans le domaine de la santé, plus particulièrement de la luminothérapie, et développe des produits à partir d’une technologie de tissage de fibres optiques.
Son tissu lumineux Lightex®, utilisé dans sa couverture lumineuse baptisée BiliCocoon, permet par exemple de soigner la jaunisse néonatale sans compromettre la relation entre la mère et le nouveau-né. Un dispositif intéressant alors même que cette pathologie touche environ 80% des bébés prématurés, et peut être chez eux un élément déclencheur d’autres maladies. Également positionnée sur les traitements des effets secondaires des traitements contre le cancer, la start-up vise un marché à fort potentiel.
Mode in Textile a pu échanger avec Pierre Saint Girons, dirigeant de cette start-up. Entre confort des (très) petits et grands patients et facilité d’utilisation, découvrez comment le textile et la technologie s’allient au service de la santé.
Pourriez-vous nous parler de la génèse de l’idée de créer un textile innovant et thérapeutique ?
La technologie textile existait déjà et avait été développée par Cedric Brochier, Dirigeant de la société Brochier Technologies, précurseur et spécialiste du tissage des fibres optiques. Ayant déjà en tête de potentielles applications dans la santé, nous avons échangé et nous nous sommes associés afin de développer les prototypes, dans un premier temps pour le soin de la jaunisse néonatale, puis dans un deuxième temps envisager un domaine plus technique sur un plan clinique, celui de la photobiomodulation pour le traitement des mucites et des dermites, effets indésirables fréquents de la chimiothérapie et de la radiothérapie appliquées dans le cas de cancers.
Je me suis alors rendu compte qu’il y avait de nombreux développements à envisager avec de la lumière si nous arrivions à “systématiser” les étapes de fabrication en gardant des exigences scientifiques fortes, ce qui nous permettrait de nous différencier des produits lumineux déjà disponibles sur d’autres marchés.
Pourquoi avoir choisi une étoffe, un tissu comme matière support pour développer un produit de soin dans un cadre médical ?
Le support textile est vraiment intéressant car émettre de la lumière n’a rien de facile dès que l’on parle de problématique anatomique, avec des formes de corps qui varient selon les individus : comme la lumière a tendance à plus ou moins diffracter (dévier) si la source d’émission est plus au moins proche du récepteur, l’intensité du rayonnement est plus ou moins forte. Dans le domaine de la médecine, c’est un élément que l’on tente de maîtriser, de mesurer et de comprendre dans la limite de ce qui est raisonnable pour apporter le soin attendu. Il est nécessaire d’appréhender toutes les contraintes liées à la nature de la lumière.
L’innovation de NeoMedLight a donc été de travailler un morceau de tissu et de réaliser qu’un tissu épouse beaucoup mieux l’anatomie, le relief du corps, que n’importe quel autre élément était intéressant. Techniquement parlant, à partir du moment où l’on connait la puissance de la lumière émise par centimètre carré, il devient possible de déterminer exactement l’énergie reçu par le récepteur et ce quelque soit la morphologie de l’individu. C’est ce qui va permettre de doser la lumière et donc le soin apporté au patient.
A travers NeoMedLight, vous souhaitez apporter une innovation thérapeutique qui puisse bénéficier non seulement aux patients mais également personnel de santé. Comment vos produits facilitent le travail de ce dernier ?
Ce qu’on recherche au sein d’un hôpital, c’est un traitement, un soin, un geste contrôlé et répétable par n’importe quel individu ayant une formation de base. Dès que la tâche n’est plus répétable facilement, le donneur d’ordre, médecin, infirmière ou autre, peu importe son statut, ne peut être entièrement, certain de la manière avec laquelle cette tâche va être réalisée en fonction de la personne à qui il la confie.
Quand vous avez un morceau de tissu, pour donner la bonne énergie à l’endroit du corps, atteint par exemple par la radiothérapie, il suffit d’appuyer sur un bouton et attendre que le temps soit écoulé. C’est très simple à effectuer et c’est répétable par tout personnel de santé. C’est le principe de notre dernier produit, on sait que l’on a besoin de donner 3 à 6 joules par centimètre carré en fonction de l’indication à choisir sur un écran, le temps d’exposition est affiché, le morceau de tissu est placé sur la zone en question et on appuie simplement sur “ON” pour que le soin soit apporté au patient sans aucun risque.
Avez-vous collaboré avec des professionnels de la santé pour développer tous ces produits ?
Oui bien sûr ! Pour toute pathologie, il existe un groupe de personnes sur la planète qui s’y intéresse particulièrement, et en oncologie particulièrement sur les effets secondaires de traitement de cancer. De l’Australie aux Etats-Unis en passant par l’Inde, j’ai eu la chance de rencontrer une multitude d’experts avec qui j’ai pu discuter et affiner les concepts. Aujourd’hui le produit est fini, même s’il existe toujours un potentiel d’amélioration, et qui dès le 1er avril prochain devrait commencer une deuxième phase d’essai dans les hôpitaux en vue de sa commercialisation. Actuellement le produit est déjà en phase d’essai clinique dans 5 hôpitaux en France.
Avec le Bilicocoon pour soigner la jaunisse néo natale, les patients sont au cœur du développement du produit, leur bien-être est essentiel…
Et cela reste le cas les nouveaux produits sachant que même pour la jaunisse néonatale, le temps thérapeutique est pénible pour les patients et leur entourage. On améliore ce moment car le tissu est anatomique, facile à appliquer, et que le temps de traitement est rapide. Il va dans le sens du patient et de sa guérison.
Si l’objectif premier reste avant tout soigner le patient, juste avant son confort, nous souhaitons à travers nos innovations rendre la thérapie la plus “agréable” possible pour le patient.
Quelles sont les prochaines étapes envisagées pour faire évoluer vos produits et votre technologie ?
Aujourd’hui, Neomedlight répond déjà à deux indications thérapeutiques en phase d’études cliniques : le cancer du sein, pour les brûlures qui résultent des radiothérapies ; et les mucites quand les muqueuses sont abîmées et deviennent très ulcérées (ce qui peut être dangereux et potentiellement mortel pour les patients), dans les cas de cancers de la tête et du cou pour l’instant.
Les produits sont évidemment voués à évoluer, mais toujours dans ces indications là avec notamment un applicateur endovaginal et pelvien qui permettra de traiter la zone pelvienne. Mais nous resterons dans le même domaine de soins thérapeutiques, en support des traitements contre les cancers.
Avec la commercialisation des produits NeoMedLight en avril dans les hôpitaux, c’est une nouvelle ère thérapeutique qui devrait donc voir le jour.
IFTH – 12/02/20
Visuels : NeoMedLight