Mode in Textile

Performance des masques textiles : l’évaluation des matières comme unique garantie

« Un masque ça tient chaud, c’est inconfortable, c’est étouffant, …» .

Pour nombre d’entre nous, choisir et porter un masque n’a rien de facile ni d’intuitif, et la multiplication récente des nombreux avis d’experts auto-proclamés sur l’efficacité des différents masques n’a pu que favoriser l’incertitude autour de la qualité des produits pour nos concitoyens. Or une crise sanitaire telle que nous la vivons ne nécessite-t-elle pas de pouvoir garantir la confiance, notamment dans l’efficacité de ces masques auxquels nous devons tous nous habituer ?

Le recensement national des matières de référence : une valeur ajoutée unique née du collectif français

Une mesure de respirabilité et de filtration garantie par une démarche scientifique, un protocole de référence, est le seul et unique moyen de revendiquer un niveau de qualité d’une matière ou d’un complexe (association de matériaux) textile, et de mieux protéger durablement la population et son environnement. Aider au quotidien les industriels, et particulièrement confectionneurs français, à identifier les meilleurs complexes (assemblage de couches de matériaux constitutif) pour la fabrication de leurs propres masques est rapidement devenu une priorité ces dernières semaines.

Avec plus de 1 300 rapports de tests DGA analysés, plus de 2 000 complexes textiles testés, plus de 500 entreprises volontaires …c’est sur la base d’une mobilisation extraordinaire de la filière mode, textile et habillement française qu’une Base de données Matières unique en son genre qui a été créée dès fin mars sous l’impulsion du Comité stratégique de filière (CSF) « Mode & Luxe ». Elle est gérée par le « Groupe de travail Matière COVID-19 » au sein du Groupement national Savoir Faire Ensemble,  et est constitué d’EuraMaterials et Techtera (pôles de compétitivité textiles) et de l’Institut Français Textile Habillement IFTH, avec  un rôle consultatif auprès la Direction Générale des Entreprises (DGE) du Ministère de l’Economie.

Faciliter l’approvisionnement en matières testées pour les confectionneurs, un enjeu majeur

Plus de 900 millions d’usages par semaine couverts en France : c’était le chiffre présenté par Agnès Pannier-Runacher, Secrétaire d’Etat à l‘Economie lors d’une conférence de presse tenue le 8 mai dernier et consacrée à l’approvisionnement en masques sanitaires et non sanitaires dans le cadre de la lutte contre le Covid-19. Le Gouvernement misait alors en grande partie sur le développement de la production nationale de masques textiles « grand public» à filtration garantie, formalisée au sein du Groupement Savoir Faire Ensemble pour permettre à terme la mise sur le marché de plus de 50 millions de masques textiles réutilisables grand public par semaine (couvrant ainsi plus de 750 millions d’usages par semaine).

Pour permettre la mise en production des masques tout en assurant leur niveau de performance, il a donc été fortement conseillé aux confectionneurs de masques d’utiliser des complexes textiles déjà testés  selon le protocole DGA, répertoriés dans la Base matières, et présentant des propriétés répondant aux exigences de la note interministérielle de référence (du 29 mars 2020 – mise à jour le 22 juillet 2020), sans avoir besoin de réaliser de nouveaux tests.

A noter que ces matières testées DGA sont fortement préconisées dans la Spec Afnor utilisée comme référence lors de la fabrication de masques barrières par les autres acteurs de la société civile comme les couturières, c’est pourquoi la base gérée par le collectif Savoir Faire ensemble reste toujours à ce jour facilement accessible et diffusable à toutes et tous à partir des sites web des organismes précités.

« Si c’est testé, c’est mesurable ; et si c’est mesurable, c’est contrôlable »

Le passage par le protocole de test défini par la DGA est donc à ce jour la seule façon possible de pouvoir évaluer objectivement la qualité d’un masque textile grand public à usage non sanitaire.

C’est une étape obligatoire pour pouvoir revendiquer un niveau de performance, intégrant le facteur de résistance au lavage sur la notice d’utilisation obligatoire d’un masque grand public catégorie 1 ou 2, et pouvoir apposer le logo officiel de la DGE sur les masques indiquant une filtration garantie selon un certain nombre de lavages.

Enfin elle est également essentielle pour être autorisé à revendiquer la mention « masque grand public » sur le marché français, notamment au regard des contrôles des organismes chargés de la répression de fraudes ( DGCCRF).

Et demain ?

La démarche collective a ainsi permis de fabriquer en quelques semaines des masques en assurant un réel niveau de performance, de rassurer le consommateur autour d’un label facilement identifiable, d’assurer la cohésion des actions des acteurs du textile et de l’habillement, de valoriser la qualité de la fabrication française et soutenir l’activité  des entreprises nationales, d’encourager une consommation durable de masques grâce à leur possible réutilisation, et d’éviter la propagation du virus – toujours en complément des gestes barrières et de la distanciation sociale.

Et si la questions des stocks cumulés de masques textiles est soulevée depuis plusieurs jours dans les médias, les perspectives d’avenir de la filière textile habillement nationale autour du développement durable et de la relocalisation des productions ont été définies et communiquée le lundi 8 juin par Brune Poirson, secrétaire d’État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire et Agnès Pannier­ Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Economie et des Finances,  conjointement conjointement avec le comité stratégique de filière (CSF) « Mode & Luxe » .

Une mission vient ainsi d’être confiée à Yves Dubief, Président de l’Union des industries textiles (UIT) et dirigeant de la société Tenthorey,  et Guillaume Gibault, Président du Slip Français, dans le cadre du groupement « Savoir­ faire ensemble », afin de faire connaître auprès des acheteurs potentiels (entreprises,administration, collectivités, distributeurs) la production française de masques en tissu, et d’accompagner la filière dans l’ajustement de ses capacités de production au besoin collectif en masques au cours des prochains mois”.

Ces deux ambassadeurs pourront donc s’appuyer sur une qualité évaluée, reconnue et mesurable des performances des masques français pour séduire l’ensemble des acteurs de ce monde de demain dont nous parlons tant, intégrant la valorisation des filières locales et un acte d’achat responsable et durable.


« Quelle est la meilleure matière ou combinaison de matière pour un masque grand public ? » Souvent posée, cette question reste sans réponse unique !

IFTH – 10/06/2020-MAJ 01/09/2020