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Masques dits « antipollution » : leur efficacité reste à prouver selon une étude de l’Anses

Dans un contexte où la prévention face à la pollution de l’air ambiant représente un véritable enjeu de santé publique, les autorités s’interrogent sur la pertinence de recommander à la population le port d’équipements de protection individuelle. Dans ce cadre, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a évalué le bénéfice sanitaire potentiel du port d’un masque dit « antipollution ». L’expertise a révélé l’insuffisance de données disponibles attestant d’un bénéfice pour la santé.

L’efficacité d’un masque dépend de sa conception, des performances du filtre dont il est équipé, et d’autres paramètres tels que son adaptation à la morphologie de l’utilisateur. Ainsi, si l’efficacité d’un masque testé en laboratoire peut s’avérer élevée, elle ne reflète pas pour autant l’efficacité en conditions réelles d’utilisation par la population en général. En effet, l’efficacité diminue du fait d’un mauvais ajustement au visage, du manque d’entretien du masque, de l’absence d’information et de formation de l’utilisateur, d’une activité physique intense, etc. Si ces écarts peuvent être plus ou moins maîtrisés en milieu professionnel grâce à la formation aux gestes d’hygiène et de sécurité, cette maîtrise n’est pas garantie pour le grand public.

Par ailleurs, la plupart des masques dits « antipollution » recensés sur le marché français sont conçus pour protéger des particules présentes dans l’air ambiant et ne protègent pas contre les substances présentes à l’état gazeux.  L’étude de marché initiale a identifié 215 produits revendiquant une efficacité en matière de protection contre la pollution de l’air ambiant. Ces produits sont très majoritairement (94 %) des demi -masques (203 produits), les autres produits étant six épurateurs portatifs, deux filtres intra-nasaux,  deux sprays, un tour de cou filtrant et un masque ne couvrant que la bouche.Concernant les revendications d’usages, les masques revendiquent une filtration contre les particules (80 % des masques), les biocontaminants (virus, bactéries, moisissures, pollens…) (27 %) et les polluants organiques (Composés organiques volatils, odeurs…) (26 %).

L’expertise conclut à l’insuffisance de données disponibles, notamment en conditions réelles d’utilisation, pour attester d’un bénéfice sanitaire lié au port de masques dits « antipollution » par le grand public.

En outre, le port d’un masque dit « antipollution » peut donner un faux sentiment de protection à son utilisateur et entrainer des comportements conduisant éventuellement à une surexposition aux polluants dans l’air.

Ainsi, l’Agence ne recommande pas aux pouvoirs publics d’encourager le port de tels dispositifs. Afin de réduire les impacts sanitaires liés à la pollution de l’air ambiant, l’Agence rappelle l’importance d’agir en priorité à la source en limitant les émissions de polluants. En complément, elle recommande une meilleure information de la population, en particulier des personnes sensibles, sur les comportements à adopter pour limiter l’exposition quotidienne à la pollution de l’air.

Retrouvez le rapport complet de l’Anses ici.

Source: https://www.anses.fr – 18/07/18