Mode in Textile

La démocratisation du sur-mesure

Il n’y a pas si longtemps, “sur-mesure” rimait avec “luxe”. Soyons clairs, avec “inaccessible”. Aujourd’hui pourtant, le sur-mesure se démocratise et s’ouvre à toutes les bourses. Comme un contre-pied à la mode uniformisée, il apparaît comme une alternative à la fast-fashion.

Avant le succès du prêt-à-porter et de la confection industrielle, le sur-mesure était un impératif. Il était réalisé au sein même des foyers. Abandonné au profit de pièces moins chères et standardisées, il est devenu l’apanage du luxe et de la haute-couture. Jusqu’à récemment, se faire faire un vêtement sur-mesure coûtait encore extrêmement cher. Les mariées le savent, un simple ajustement à la taille fait déjà flamber les prix.

Du sur-mesure pour toutes les bourses

Pourtant, depuis quelques années, de plus en plus de marques développent leur offre de sur-mesure. Pour beaucoup, il s’agit en fait de demi-mesure. C’est-à-dire que l’on part d’une pièce déjà conçue que l’on adapte aux mensurations du client. Certaines griffes proposent en plus des personnalisations avec différents niveaux de finitions. En parallèle, le vrai sur-mesure se développe lui aussi, de façon toutefois plus confidentielle.

En termes de prix, il y en a pour toutes les bourses. Les quelques tailleurs historiques sont toujours en place, dans le secteur du luxe. S’y sont ajoutés de plus jeunes couturiers proposant des prestations plus ou moins haut de gamme. Mais la vraie nouveauté de ces derniers mois, réside dans le sur-mesure accessible.

Le sur-mesure n’est plus réservé qu’à l’élite

Autrefois, le sur-mesure était réservé à une clientèle favorisée. Il se pratiquait à l’abri des regards, dans le cocon du tailleur, spécialement étudié pour bichonner son modèle. Aujourd’hui, une commande de vêtement sur-mesure se fait dans des conditions très proches d’un shopping classique de prêt-à-porter. Le client jouit en revanche d’un service un peu plus déshumanisé. Quant aux petites mains qui conçoivent robes, costumes ou chemises sur mesure, elles sont désormais bien loin.

En effet, ce que l’on avait pris pour un énième gadget technologique, a permis au marché du sur-mesure d’éclore sous un nouveau jour. Exit les prises de mensurations au mètre ruban par un couturier averti, suivies de multiples essayages avec le bracelet d’aiguilles. Désormais, il faut compter sur une prise de mesures qui s’appuie sur la technologie 3D. Le corps est scanné en cabine, les mensurations sont ensuite complétées de façon traditionnelle. Pour réduire les coûts, la suite se passe à l’autre bout du monde. Ce qui permet d’offrir une prestation à peine plus chère qu’en boutique de prêt-à-porter.

Le sur-mesure, un marché en plein essor

Si les débuts ont été balbutiants, Les Nouveaux Ateliers, précurseurs sur ce nouveau marché en 2011, comptent maintenant une vingtaine de boutiques en France et ont même ouvert quelques succursales à l’étranger. Et la concurrence suit de près. Tailor Corner pour les hommes, Sumissura ou Albance pour les femmes, sans oublier les spécialistes du mariage. Depuis peu, même la grande distribution s’y est mise. Avec son corner Bouton noir, Auchan cartonne dans le secteur du sur-mesure avec une offre qui démarre à 209 € pour un costume ou 69 € pour un jean.

Mais, contrairement à l’idée que l’on s’en fait, le sur-mesure est en définitive vraiment adapté à toutes les bourses. Pour les plus petites, le retour en grâce des machines à coudre dans les foyers et du fait maison permet aux plus habiles de se confectionner des tenues totalement adaptées à moindre frais. Du fait, les merceries encore boudées il y a une dizaine d’années et qui fermaient les unes après les autres sont maintenant des commerces prisés dont les ouvertures se multiplient.

Le sur-mesure, pas seulement une histoire de taille

Et pour aller au bout, rappelons que le sur-mesure moderne ne concerne pas qu’un tombé parfaitement adapté aux mensurations. C’est aussi de la customisation, des finitions adaptées aux besoins et envies de chaque client. En somme, une façon de se démarquer, suivre la mode tout en conservant son propre petit plus. Et de ce côté, les marques sont nombreuses à avoir compris les exigences de leurs clients.

Chez Nike, Asics ou Adidas, on peut choisir la couleur de ses semelles, ses lacets, et même faire inscrire son mantra. Chez Naf Naf récemment, les fashionnistas pouvaient personnaliser leur perfecto en y faisant broder leur nom. Chez Balsamik ou La Redoute, les pièces sont déclinées selon les diffférents types de morphologies. Le mollet est un peu fort ou à l’inverse maigrelet? Il est possible de choisir une paire de bottes adaptées. Fini les chemisiers qui laissent entrevoir les sous-vêtements des sylphides aux poitrines généreuses ou les culottes dévoilées par des pantalons à la taille trop basse. Chacun, comme chez Levi’s peut trouver le vêtement adapté à ses courbes.

Décembre 2017