Mode in Textile

Le flou règne encore autour de la composition des protections hygiéniques

La dernière enquête de 60 Millions de consommateurs publiée en février 2019 met en avant le flou qui règne encore autour de la question des protections périodiques.

En 2015, la jeune française Mélanie Doerflinger lançait une pétition en ligne réunissant plus de 300 000 signatures, questionnant les composants des protections hygiéniques féminines, certaines ayant été responsable du syndrome du choc toxique, dont le traitement médiatique a été conséquent ces dernières années, posant la question de la composition des protections internes (tampons, mais également cup) et externes (serviettes hygiéniques). 

Un manque patent d’informations sur les protections hygiéniques

Alors que l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) faisait part dans son rapport publié en juin 2018 de manifestations d’irritation, d’intolérance ou d’allergie, il est actuellement toujours impossible de connaître la constitution précise des protections, ainsi que les différents traitements, notamment chimiques, subis par les fibres.

En effet, le rapport précise que «  les matériaux de fabrication des protections intimes sont mal documentés et que les auditions des représentants des fabricants de ces produits n’ont pas permis de les caractériser de façon précise. Un même manque d’information a été constaté pour la description des auxiliaires de fabrication comme les colles par exemple, ou les substances ajoutées intentionnellement (parfums, encres, etc.). »

Quelques mois après le rapport, l’association 60 Millions de Consommateurs a décidé de mener une enquête sur 15 références de produits. Sur ces 15 références seule la moitié  affichent les composants sur l’emballage. Face à un vide juridique en termes de réglementation, les marques n’ont pas l’obligation d’afficher la composition des produits. Or certains présentent des risques en matière de santé, bien que présents en très faibles proportions.

Quelles sont les substances concernées ?

D’après l’enquête, on retrouve notamment du glyphosate ou des dérivés, des phtalates – et notamment du DEHP, qui serait suspecté d’altérer la fertilité.

Bien que les substances détectées ne soient pas ajoutées intentionnellement par les fabricants,et sont généralement présentes dans notre écosystème (dans l’eau, l’air, les sols etc.), leurs présences posent de vraies questions d’intérêt publique, généralement mises de côté.

A noter que ces substances présentent un danger moindre dans le cas de protections externes tels que les serviettes hygiéniques, bien que les cas d’irritation, d’allergie ou de micro-traumatismes sont avérés.

Quelles sont les alternatives ?

Hormis la cup, en silicone, et là encore posant des questions en matière de fabrication – plusieurs marques ont récemment créé des sous-vêtements dédiées aux périodes menstruelles.

Première sur le marché, la marque vegan Thinx, a développé une culotte composé de 4 couches ultra-fines : une couche antibactérienne et anti-humidité, une couche antimicrobienne, une couche absorbante et une couche anti-fuite. La marque utilise cependant des nanoparticules d’argent, qui ont une activité antibactérienne et présente à priori une toxicité moindre. Si aucun effet nocif n’a été établi, les effets de ces nanoparticules notamment sur l’environnement et dans le traitement des eaux usés n’est pas suffisamment étudié pour l’instant pour permettre d’affirmer un usage exempt de tout impact sur la santé.

L’initiative a le mérite d’avoir ouvert le champ à d’autres marques, telles que la marque australienne Modibodi, ou la marque française Fempo – ces deux dernières utilisant un système d’absorption similaire à base de fibres de bambou issues de l’agriculture écologiques et étant certifiées OEKO-TEX STANDARD 100.

Ces marques témoignent toutes les trois d’une volonté commune, et font preuve d’un engagement politique et commercial. Aussi, toutes trois souhaitent lutter contre les idées reçues sur les menstruations, éviter l’utilisation de produits considérées comme nocifs (bien qu’on constate un manque d’informations sur les teintures utilisées par exemple) et enfin réduire l’empreinte écologique inhérentes à la fabrication et l’utilisation de ces produits d’hygiène intime.

-01/03/19-