Mode in Textile

La couture, dernière étape vers l’industrie textile 4 .0 ?

A l’heure de l’industrie 4.0, le remplacement de l’opérateur par un robot deviendra sans doute réalité dans l’usine du futur, et ce pour un grand nombre d’étapes de fabrication d’un produit. Ainsi, à pas feutrés,  se prépare doucement une petite révolution dans le monde du textile habillement : l’automatisation complète de l’étape de la couture à l’échelle industrielle. Car si aujourd’hui des robots de couture existent et fonctionnent chez les fournisseurs de grandes marques comme Zara ou The North Face, l’étape est souvent semi-automatique et nécessite souvent l’intervention d’un opérateur.

Lors de l’édition 2017 de Texprocess, qui se déroule en parallèle avec le salon Techtextil 2017 à Francfort, la société Dürkopp Adler AG fera ainsi une démonstration autour de l’automatisation et la numérisation de la technologie de couture industrielle . Depuis quelque temps, Dürkopp Adler développe et fabrique avec succès des systèmes de commande et de contrôle de couture. Sa nouvelle solution “QONDAC 4.0” pour la mise en réseau de machines à coudre industrielles ouvre des potentiels d’optimisation complètement nouveaux pour l’industrie, et a été primée sur le salon Texprocess. La dernière génération permet de mettre en réseau jusqu’à 1 500 machines à coudre, ainsi que d’analyser en temps réel toutes les données des machines et de la production . Autre acteur du domaineKSL présentera également sa gamme de systèmes de couture automatisés, notamment son KL 500, un robot de couture avec tête pivotante pour les coutures décoratives des intérieurs automobiles en particulier.

Les sociétés PFAFF INDUSTRIAL, spécialiste des systèmes de couture, et KSL montreront une innovation conjointe en «robotique». Le système effectue un changement de bobine entièrement automatisé sur la machine PFAFF Plusline 2481 à l’aide d’un robot de manipulation. De plus, le robot guide l’article à coudre au-delà de la tête de couture. Ainsi, l’intervention de l’opérateur est fortement réduite. Le système combine la compétence en couture de PFAFF INDUSTRIAL avec le savoir-faire de manipulation du robot de KSL et établit de nouvelles normes dans la production textile automatisée. Il raccourcit les cycles de production, empêche les immobilisations et augmente considérablement la productivité. Cette innovation est une autre étape vers une production sans opérateur.

Ces innovations font écho aux annonces faites par d’autres entreprises ces dernier mois en terme de couture industrielle. Ainsi,  la start up américaine SoftWear automation Inc  essaimée en 2012 du laboratoire ATDC (Advanced Technology Development Center) de Georgia Tech, a développé un système  de couture dernière génération, permettant d’automatiser le processus de couture industrielle. SoftWear a notamment reçu une subvention de 2 millions US$ de la Fondation Walmart et 1,25 millions US$ de la DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency) pour travailler sur le projet de ses Sewbot™.

Autre avancée majeure dans la fabrication de vêtements : une autre start-up américaine baptisée Sewbo a annoncé en 2016 avoir pour la première fois atteint l’objectif recherché depuis longtemps dans le domaine de la couture automatique : utiliser un robot pour coudre un article entier. La société a réalisé cette étape en utilisant un robot industriel pour coudre l’ensemble des pièces d’un t-shirt. Jusqu’à présent, l’automatisation n’avait pas réussi à trouver une place dans la fabrication de vêtements en raison de l’incapacité des robots à manipuler des tissus souples, mous. Sewbo évite ce problème en « rigidifiant » temporairement les tissus , le rendant facilement manipulable pour les robots conventionnels. Ensuite, le processus est inversé pour produire des vêtements souples, entièrement assemblés. Sewbo travaille actuellement à la commercialisation de sa technologie.

Face à cette tendance, les craintes peuvent être fortes. Selon une étude récente menée par l’Organisation internationale du Travail (OIT), un nombre significatif des salariés du textile, de l’habillement et des chaussures en Asie (64% en Indonésie, 86% au Vietnam, 88% au Cambodge) sont des travailleurs ayant un risque élevé de chômage en raison d’une éventuelle automatisation du secteur dans les deux décennies à venir. Une des plus grandes menaces , selon le rapport, est la prévalence croissante des machines de découpe automatique et l’intégration attendue des robots capables de coudre, même si à priori ces “sewbots” soient censés être déployés surtout sur les marchés de destination comme la Chine, l’Europe et les États-Unis. Aux acteurs de l’industrie du futur de ne pas oublier les hommes face à cette révolution, et de faire en sorte que l’humain puisse monter en compétence pour accompagner cette transition industrielle …

Auteur: IFTH

Le 11/05/17