Mode in Textile

Consommation : le minimalisme fait son retour

Annie Khatchikian

NOUVEAUTE :

DOSSIER TENDANCES DE CONSOMMATION

En ce début d’année,  Euromonitor, ConsumerLab, Ericsson, Kantar Worpanel ou encore bien d’autres cabinets de tendance, plusieurs grands observateurs se sont penchés sur les habitudes de consommation et les désirs des consommateurs, de plus en plus digitalisés et informés. 

Décryptant ces tendances à travers le prisme de l’innovation, de la mode, du textile et de l’habillement, votre magazine Modeintextile by IFTH  vous propose un dossier sur les grandes tendances de consommation identifiées.

Quatrième tendance identifiée aujourd’hui, le retour à la simplicité et au minimaliste interpelle aussi le monde du textile et de la mode.

TENDANCE N°4/ Retour aux sources 

L’idée d’un certain ascétisme fait son chemin, et désormais la simplicité, l’authenticité et la qualité sont des trois valeurs fondamentales qui orientent les habitudes d’achat de consommateurs, notamment issus des classes moyennes.

Conjointement aux attentes toujours plus grandes et à la volonté des consommateurs de prendre leur temps – ce notamment depuis la crise de 2008 qui a rappelé les effets d’une croissance trop rapide – ce “retour aux basiques” laisse place à un minimalisme tant comportemental que formel.

Reprendre le contrôle

En termes de consommation, cette tendance est très frappante dans l’alimentation: les consommateurs préfèrent désormais acheter localement, pour des questions de fraîcheur, de goût et d’impact écologique, ou encore acheter des fruits et légumes de saison.

Ce retour à l’artisanat – et donc à un savoir-faire hors du contexte industriel de masse – se ressent par exemple avec le développement des bières artisanales, mais se propage jusque dans la sphère domestique avec par exemple un intérêt pour le Do-It-Yourself, notamment en matière de mode et de beauté. Comme le met en avant Euromonitor dans son rapport de 2018 sur les tendances Beauté, presque la moitié des consommateurs interrogés déclarent utiliser au moins une fois par mois un produit qu’ils ont fabriqué.

Derrière cela, se cache une volonté tout d’abord de reprendre le contrôle sur ce qu’on mange, porte et applique sur notre peau, ainsi qu’une volonté de se sentir unique, et d’obtenir un statut particulier – celui d’une personne éveillée, qui se contente de peu..mais qui le met en valeur. Une classique petite robe noire peut ainsi faire la différence uniquement si sa coupe est originale, unique, sans devoir “en rajouter”.

Une esthétique tournée vers le minimalisme

D’un point de vue formel, cette tendance au minimalisme est également perceptible par exemple des changements d’images de marques (parfois discret, le passage de Céline à Celine par exemple), ou encore l’achat par LVMH du groupe d’hôtellerie Belmond afin de créer une expérience hôtelière holistique et luxueuse.
Cette idée de l’expérience est également avancée par McKinsey, qui note que les consommateurs préfèrent de plus en plus les expériences aux produits (avec un rapport de 4 à 1 en termes de croissance), et donc s’orientent vers une forme de déconsommation.

Cette volonté de simplicité, on la retrouve notamment lors de la Fashion Week de New York, avec notamment une préférence pour du tailoring, une omniprésence du jean, ainsi que de la maille. Le terme de minimalisme est celui qui apparaît le plus dans les compte-rendus, avec l’idée que comme évoqué précédemment, afin de contrebalancer une époque chaotique, les formes d’expression doivent être le plus simples possibles.

Une histoire qui se répète ?

On pourrait avancer l’hypothèse que l’abandon du matérialisme, et le retour aux choses simples participent d’un mouvement d’exotisation et de fantasme de la frugalité. Mais au-delà de cet apparent dégoût du matérialisme, la tendance à des formes d’expression plus simples et digestes lors de temps troublés remontent déjà aux Siècles Obscurs de la Grèce Antique (XIIe au VIIIe siècle avant notre ère).

Alors que la Grèce Antique traverse une crise, donnant lieu à des guerres, un dépeuplement et un repli sur soi, les innovations en matières de représentation sont florissantes, et apparaissent alors des formes géométriques, cercles et demi-cercles sur la céramique, qui était jusque là éminemment figuratives.

En ces temps troublés, tels que nous pouvons les connaître aujourd’hui à travers le monde, apparaît une nouvelle fois la nécessité de revenir à des formes d’expression simples, qui dans notre cas passe notamment par des habitudes de consommation transformées.

-18/02/19-

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